Béatrice Machet

"J'ai rencontré Alain Jegou sur la piste des larmes. Entre pays Cherokee volé et déportation vers l'Oklahoma. Un livre de lui a suffi pour me persuader d'avoir en lui un frère, comme moi métissé de rouge. Nous nous sommes reconnus à travers un courrier abondant.

J'ai vu Alain Jegou au Fort Bloqué, d'intimidé à chaleureux. Puis à Lorient sur son rafiot, la carcasse fatiguée par ce putain de métier inhumain ...mais il n'en aurait pas voulu d'autre!

je l'ai vu soulagé d'avoir trouvé un digne successeur pour l'Ikaria, content d'envisager avoir plus de temps pour écrire.

Une autre fois encore je l'ai rejoint dans une chapelle sur la lande pas loin de la pointe du Couregan, alors qu'il poussait sa goualante devant un public envoûté par les sons de la harpe celtique .... J'ai compris qu'en Alain Jegou y'avait tout l'océan. Tous les océans. Des rouleaux de tendresse et de chaleur humaine, des tempêtes furieuses des profondeurs abyssales, des courants froids, des courants chauds, des marées saisonnières ou quotidiennes, les alizés, les icebergs, les lagons, ...

Et puis comme l'air résigné parfois, mais toujours les yeux pétillent, et puis l'allure du goéland parfois, dont les ailes de géant l'empêchent de marcher,…

Alain Jegou, c'est le totem de ma tribu."

Béatrice Machet


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