Benoît Delaune

"J’ai rencontré Alain Jégou sous le signe de ce grand Voyant qu’était Claude Pélieu. Nous avons sympathisé rapidement, autour d’une grande expo lorientaise consacrée aux collages de Claude Pélieu & Mary Beach. J’ai vraiment découvert la poésie d’Alain à ce moment-là. Quoiqu’il en dise lui-même, Alain Jégou est un grand poète, de la trempe de Tristan Corbière ou d’Antonin Artaud. Sa poésie, depuis « Vivisection » (ce titre déjà ! superbe, fou, éblouissant) estbaséesur un flot verbal-fil ténu, une langue toujours à la limite de la rupture, ce fameux « flow » dont les musiciens hip-hop pensaient avoir été les premiers à l’avoir défini. Il FAUT faire l’expérience, lire d’une seule traite des livres comme « Juste de passage », « QUI contrôle la situation », ou (mon préféré) ce petit livre énigmatique, aux échardes verbales magnifiques, d’une ténèbre aussi sombre que sa couverture est immaculée, « Jusqu’à l’aube par effraction » (un sacré p….. de titre encore !). Devant de tels textes, on est toujours surpris, lecture après lecture, par ces édifices si frêles en apparence, qui semblent ne tenir qu’à un mince fil mais qui réussissent, dans un fier retournement, un chiche ! culotté et un tantinet branleur, à s’imposer comme de solides gaillards, des bonnes tranches barbaquées à vif par ce grand Frère de la Côte qu’est Alain Jégou."

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