L'exposition réalisée par la médiathèque de Quimperlé sera présentée à la médiathèque de Guidel (56)Espace Avalon du 5 au 27 mars 2010
Blog consacré à l’œuvre poétique d'Alain Jégou par Pascal Thibault, bibliothécaire
L'exposition réalisée par la médiathèque de Quimperlé sera présentée à la médiathèque de Guidel (56)
Le climat familial était excellent. Lorsque j’avais cinq ans, mes parents ont quitté la ville de Lorient pour s’installer en bord de mer, dans cette maison du Fort-Bloqué dont j’ai hérité à la mort de mon père et où je vis aujourd’hui. Comme tous les mômes de l’après-guerre, j’ai eu ce privilège de pouvoir vivre et m’éclater au grand air, libre de tous mes mouvements et déplacements sur ces rivages sauvages, pas encore bouffés par le bitume et le béton. Mes parents, très occupés par leur boulot, nous déposaient, ma sœur et moi, à l’école le matin et nous récupéraient le soir. Durant les vacances, nous étions livrés à nous-mêmes et nous éclations avec nos copains et copines sur la plage et dans les dunes.
lassés de mes indisciplines et je-m’en-foutisme, ont décidé de me coller en pension pour me faire apprendre les bonnes manières et le goût du travail, dans un bagne tenu par des curetons, à 100 bornes du foyer familial. Faut dire que je l’avais bien cherché. J’ai sacrément morflé durant les 4 ans passés dans cette taule de maniaques en soutanes ! Quatre ans de sévices et punitions qui ont fait de moi le rebelle et l’anticlérical que je suis et demeurerai jusqu’à la fin de mes jours… »
vraiment pris part au mouvement. J’avais pas attendu le mot d’ordre des gonzes de Nanterre pour ruer dans les brancards. Ça faisait déjà quelques années que je m’étais engouffré dans le flux libertaire. Les trotskos, les maos… j’avais franchement du mal à supporter. J’avais pas tort de me méfier. On a vu ce que ça a donné et ce que sont devenus ces révolutionnaires-là.
près au même moment.
pas un souvenir bien précis, sans doute des livres pour mômes, genre contes de Perrault, d’Andersen ou de Grimm, puis des BD pour petits mecs comme Pim Pam Poum, Kit Carson, Blake le Roc, Tintin, Bibi Fricotin, les Pieds Nickelés… J’aimais bien les Pieds Nickelés. Ces drôles de zigotos, impertinents et inconvenants, roublards et rebelles, étaient mes héros préférés, déjà un signe, non ?
enseignés par des profs souvent chiants et imbus de leur savoir. Mauvaise façon d’aborder la littérature. Je suis quand même parvenu à conserver ma passion intègre en lisant, en marge du programme imposé, tous les écrits occultés des grands auteurs et ceux des auteurs écartés.
prix François-Villon, un long poème sur Artaud. « Vivisection », ça s’appelait. Tout un programme ! C’était ma période « méchante déglingue ». Faut dire que je venais tout juste de débarquer de Papeete et Mururoa quand j’ai écrit ça. Guy a aimé ce texte et m’a demandé si j’acceptais qu’il en publie un extrait dans « Périmètre ». Bien sûr, j’ai accepté illico. Puis, comme je n’avais pas remporté le prix, Millas Martin m’a proposé de publier le recueil, moyennant une petite participation financière, pas grand-chose. ça se faisait beaucoup à l’époque et je connais pas mal de poètes, aujourd’hui fort connus, qui ont aussi accepté de cracher au bassinet pour voir leurs poèmes imprimés et leur nom en majuscules sur une couverture de bouquin. Un premier recueil, c’est comme un premier amour, une première expérience sexuelle, le truc qui te reste gravé en tripes et en tête jusqu’à la fin de tes jours. Tu penses si je m’en souviens de cette première publication ! »