B comme Bretagne

« Lorsqu’on est né sur ce vieux massif, à quelques pas de l’océan, on ne peut pas rester indifférent à ce bien étrange et fantastique univers qui nous entoure. Oui, l’errance, la mer, la mort, ces trois thèmes ont toujours accaparé l’imaginaire de nos écrivains de Bretagne, et aussi celui des populations de ce pays. De Tristan Corbière à Paol Keineg, d’Anatole Le Bras à Jacques Josse, de Yves Elléouët à Danielle Collobert… tous ont hérité et nourri leurs œuvres de ces sujets prégnants.
La mort est ici chez elle, plus que partout ailleurs sans doute. La mer et elle ont toujours fait bon ménage, et la campagne également. L’Ankou errant un jour sur sa barcasse au milieu du flot et l’autre sur sa charrette au cœur des bois et des champs, des scènes fortement ancrées dans l’imagerie populaire.
J’entretiens effectivement un profond rapport affectif avec ce pays qui m’a vu naître. L’errance, la mer, la mort, sont aussi des sujets qui m’ont toujours fasciné. Je pense qu’on ne peut y échapper lorsqu’on vit ici. J’ai lu récemment le journal d’une écrivain née à Brest en 1875 et morte à Lorient en 1918 : Marie Lenéru. J’ai retenu cette phrase d’elle, extraite d’une page écrite en 1899, alors qu’elle n’avait que 24 ans : « la mort ne vaut pas d’être une obsession. Elle est à sa place au bout de la vie ; ne l’en dérangeons pas. » C’est de cette façon, je crois, que nous devons composer avec la mort, ne pas l’occulter, mais ne pas en faire notre principal sujet de préoccupation non plus. Autre phrase, extraite du journal de Marie Lenéru, qui m’a particulièrement touché : « Ailleurs, les hommes sont enfouis ; il n’y a que près de la mer qu’on remonte à la surface. » C’est tellement vrai en ce qui me concerne !
J’aime la Bretagne ouverte sur le monde, cette pointe de granit avec sa truffe plantée dans le cul de l’océan, ses beautés sauvages et sa saine fierté, ses poètes, ses créateurs et ses aventuriers. Par contre, je déteste cette autre Bretagne trafiquée, dégradée, crétinisée, labellisée, accaparée par une poignée de trous du cul, théoriciens et rhéteurs fous, nostalgiques d’une époque fort heureusement révolue. Une Bretagne recroquevillée sur elle-même, allergique à toute forme d’accueil et de partage, c’est ça le problème !»

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