F comme Fatalité

« J’ai perdu une bonne vingtaine de copains en mer en 28 ans de carrière, des mecs que je connaissais bien, avec qui j’avais fraternisé et souvent discuté. Il y a un certain sentiment de fatalité qu’on acquiert très vite dans ce métier qui est, aux dires des statisticiens, le plus dangereux de tous. Il faut vivre avec le souvenir de ces naufragés-là, certains repêchés, d’autres jamais retrouvés, avec aussi l’idée qu’un jour ça pourrait être notre tour de « boire la lavure de notre fessier », comme disaient les anciens. La mort, la grande faucheuse drapée dans son suaire noir déboulant de la brume sur sa vieille barcasse, on la connaît bien, on la fréquente au quotidien, on connaît ses petites manies, y’a une espèce de deal entre elle et nous, on fait avec et on finit par l’oublier jusqu’au moment où elle réclame son tribut. C’est comme ça ! Qu’est-ce qu’on y peut ? »

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